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L'homme aux coquillages Youen Durand

La Bretagne entre terre et mer 1999



J’avais choisi la Bretagne pour me reposer des aléas de ma vie, bien décidée à m’occuper de moi .
Plobannalec s’imposa après six mois de recherche, je n’y connaissais personne mais quelqu’un m’attendait . 
Lors de ma première exposition on me parle des tableaux en coquillages d’Yves Durand " ça vous plairait mais on ne sait pas où ils sont !" 
Le nom évidement me frappe … et ne me lâche plus. 
Retrouver ces tableaux devient impératif. 
Pas simple je suis étrangère, sans appuis,ni renommée mais têtue comme une bigoudène et comme une durand ! un jour donc me voici devant ces tableaux monumentaux ( certains mesurent plus d’un mètre ) devant un travail inédit, jamais vu, maîtrisé et enfantin, poétiquement classique.... loin de mes goûts à priori. 
Ebahie devant ces cieux composés uniquement d’éclats de coquilles de moules, cassés, choisis un à un pour le bleu clair, le bleu foncé, le nacré....
Touchée par ces fontaines délicates en pattes de langoustine, ou ces petits oiseaux souvent en couple, par ces chiens dont le pelage est fait de morceaux de coquille St Jacques.....

Impossible de rester insensible mais plus encore : il faut que ces tableaux sortent de ce local oublié, que cet artiste si touchant soit reconnu...soudain c’est une croisade, un combat je ne peux pas me contenter de les avoir découverts. 
Commence alors mon enquête, retrouver ceux qui ont connu Youen mort en 2005.Trois ans avant mon arrivée ! 

J’ai reconstitué le puzzle de sa vie, de son œuvre, en partie.
Longtemps Youen n’a pas eu de visage, puis j’ai réussi à le voir quelques minutes dans un reportage télé. 

Le pays bigouden vous prend tout entier même les morts s’y mettent !! 
Parfois je me plains : " pourquoi moi, tu vois bien ( ici on se tutoie vite) que je suis une piètre ambassadrice, je n’y arrive pas !! il sourit de son bon sourire et attends. 
Si je suis impatiente c’est qu’il me pousse, je fais pour lui ce que je n’ai jamais fait pour faire connaître mon propre travail.
J’ai renoncé à comprendre, j’avance, j’écris son livre, je veux qu’il soit exposé, reconnu, par qui je ne sais pas … parfois je me demande comment se serait déroulé notre rencontre, j’aurai visité son exposition un été à Lesconil, je lui aurais fait part de mon admiration, cabotin ( il l’était ) il aurait trouvé les mots pour m’attacher à lui ….;
forcément étant donné son pouvoir sur moi aujourd’hui qu’il n’est plus là!

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