Benaize aurait dit ma
grand mère
A l'aise Breiz dirait
on maintenant
Elle est au cœur de la
photo. Elle a du cœur à l'ouvrage.
Son cœur de mère, son
cœur de femme qui ravaude les mailles de la vie, de cette vie de
labeur - labour en breton - et de subsistance.
Labour pour dire, le
travail de la terre, de la mer, de l'accouchement.... ma grand mère
ne disait pas «j'ai du travail» mais : « j'ai encore de
la besogne « version féminine du mot besoin …...
Chose rare aujourd'hui,
la photo montre aussi un CORPS à l'ouvrage.
Un corps tout entier .
Des pieds à la tête,
plongée dans le filet, qui s'étend autour d'elle comme un pétale
géant, sa coiffe est un pistil, ses bras, ses mains, les étamines,
ses épaules larges, ses hanches lourdes sous le jupon en font une
fleur des dunes âpre et sauvage .
En ce temps – là, le
corps était l'outil premier et malgré l'usure, nous restions
coquettes et fières.
Qu'importe s'il fallait
se lever matin pour s’apprêter.
La coiffe, c'était
nous, notre histoire, notre pays, notre langage.
C'était dire à la mer,
au champ, à l'usine : nous sommes et nous restons maîtresses de nos
corps même en le louant pour quelques sous.
La finesse de nos
dentelles affirment, haut et fort , le besoin humain de beauté, de
création, d'art pour subsister au delà de l'effort qui travaille
les corps.
La beauté de nos
calvaires, de nos chapelles, la beauté de nos paysages, de nos
costumes, de nos chants, de nos danses … c'est parce que nous avons
compris cette nécessité essentielle .
Nous sommes toujours là
et pour toujours..... grâce soit rendue au photographe....
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