Donnez-moi la vie que j’aime,
Le long de ma route un ruisseau,
Donnez-moi le ciel joyeux et le chemin de traverse.
Dormir sous le buisson, regarder les étoiles,
Tremper son pain dans la rivière –
Telle est la vie qui me convient
Toujours et à jamais.
Que s’abattent les coups qui me sont destinés,
Advienne ce qui devra ;
Mais donnez-moi la face de la terre
Et la route qui m’attend.
Richesse, espoir, amour n’importent
Ni un ami qui me connaisse ;
J’ai pour seul désir le ciel, là-haut,
Et la route qui s’en va.
Ou que l’automne me prenne
Par les champs où je m’attarde,
Faisant taire l’oiseau dans l’arbre,
Mordant mes doigts bleuis.
Le champ couvert de givre est blanc comme farine –
L’âtre offre un tiède abri –
Je ne veux céder à l’automne,
Ni même à l’hiver !
Que s’abattent les coups qui me sont destinés,
Advienne ce qui devra ;
Mais donnez-moi la face de la terre
Et la route qui m’attend.
Richesse, espoir, amour n’importent
Ni un ami qui me connaisse ;
J’ai pour seul désir le ciel, là-haut,
Et la route qui s’en va.
*
The Vagabond (To an air of Schubert)
Give to me the life I love,
Let the lave go by me,
Give the jolly heaven above
And the byway nigh me.
Bed in the bush with stars to see,
Bread I dip in the river –
There’s the life for a man like me,
There’s the life for ever.
Let the blow fall soon or late,
Let what will be o’er me;
Give the face of earth around
And the road before me.
Wealth I seek not, hope nor love,
Nor a friend to know me;
All I seek, the heaven above
And the road below me.
Or let autumn fall on me
Where afield I linger,
Silencing the bird on tree,
Biting the blue finger.
White as meal the frosty field –
Warm the fireside haven –
Not to autumn will I yield,
Not to winter even!
***
Robert Louis Stevenson (1850-1894) – Songs of Travel (1896) – Chants du voyage (Les Belles lettres, 1999) – Traduit de l’anglais par Patrick Hersant.
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